- Marie :
- Bonjour Marie Gaumy
- Aldéric :
- Bonjour Aldéric Lesueur pour le projet La Bavarde.
- Marie :
- Aldéric et moi-même sommes tous deux membres de l’association Les Yeux Dits qui promeut l’accessibilité culturelle pour les personnes en situation de handicap sensoriel. C’est à dire les personnes malvoyantes, aveugles, sourdes ou malentendantes qui sont au nombre de 8 millions en France.
Qu’est-ce que l’audiodescription ?
- Aldéric :
- C’est cette petite voix qui décrit une scène dans un film et qui permet à une personne en situation de handicap sensoriel d’avoir accès au film comme tout un chacun.
- Marie :
- Notre projet La Bavarde a pour but de centraliser toutes ces audiodescriptions et de les diffuser n’importe où, quel que soit le support. Actuellement, les audiodescriptions sont disséminées partout en France. Ce que nous voulons, c’est que les usagers soient autonomes, qu’ils soient équipés eux mêmes. Elles ont l’application sur leur téléphone, elles ont leurs oreillettes, elles téléchargent gratuitement l’application et ensuite ça fonctionne comme Shazam. L’application via le micro du téléphone reconnaît le son du film et synchronise l’audiodescription dans les oreillettes du spectateur. Ainsi, il peut accéder à tous les films, que ce soit au cinéma, à la télévision, sur DVD, en VOD, partout.
Quelle est la genèse de votre projet ?
- Aldéric :
-
l’idée de la Bavarde vient de notre premier projet « 100 films 100 % accessibles ». Le principe était de prendre des films du patrimoine et de réaliser des accessibilités pour que chacun ait un socle culturel commun. En effet, Le cinéma est la première pratique culturelle en France. C’est un lieu d’échange, de sociabilisation et d’ouverture sur le monde, et les personnes en situation de handicap sensoriel n’ont pas forcément accès à cet objet.
Depuis le 1ᵉʳ janvier 2020, il y a une obligation de la part du CNC de réaliser des accessibilités pour les films français. Aujourd’hui, il existe un stock d’audiodescriptions, une obligation de réalisation, mais le chaînon de la diffusion reste défaillant.
Nous avons la chance de vivre à une époque où la technologie peut être un progrès. On parle beaucoup d’innovation mais on parle trop peu de progrès. Et notre projet est un progrès, dans le sens où nous allons modifier le rapport à la culture des personnes en situation de handicap visuel.
- Marie :
-
Historiquement, nous réalisons des audiodescriptions. Nous nous sommes rendu compte que ces audiodescriptions restaient trop souvent sur des étagères, que les ayants droits des films, les producteurs qui nous les commandaient, les finançaient, mais ne les exploitaient pas sur toute la chaîne de diffusion.
Il y a beaucoup d’audiodescriptions qui sont faites parce qu’il y a une obligation mais qui sont peu diffusées.
- Aldéric :
- Nous sommes en train de finaliser la version iOS de l’application. En ce moment, nous faisons tester la dernière version bêta à un panel de personnes en situation de handicap sensoriel, des non-voyants essentiellement.
- Marie :
- Nous préparons aussi le catalogue, nous souhaiterions lancer officiellement la Bavarde avec 300 films. Nous contactons tous les grands distributeurs et les grands producteurs. Nous sommes heureux de constater leur accueil favorable et qu’ils sont prêts à nous livrer leurs audiodescriptions. Nous n’avons pas encore contractualisé, mais oralement, ils sont d’accord pour nous confier l’intégralité de leur catalogue.
Et la résidence 139 dans tout cela ?
- Marie :
- Alors, la résidence de 139, personnellement, je suis très envieuse car je suis sur Fécamp et Aldéric est sur Le Havre. J’y suis donc moins présente, mais j’aimerais bien en profiter comme Aldéric. Notre travail est essentiellement casanier. Nous sommes beaucoup au téléphone, devant les ordinateurs, 8 h par jour et malheureusement, je passe un peu du lit à l’ordinateur. La résidence du 139, est vraiment l’occasion de sortir de chez soi, de rencontrer du monde.
- Aldéric :
- Oui, la résidence du 139 permet de briser l’isolement comme tu le disais, mais aussi de pouvoir échanger avec d’autres personnes comme des salariées ou d’autres porteurs de projets. Cela permet d’avoir des avis externes, de profiter d’expériences autres que la notre. C’est toujours essentiel pour enrichir un projet. Et il y a un vrai confort de travail : il y a un silence ici qui est appréciable, des installations bien utiles et la possibilité de recevoir du monde dans un cadre agréable et central.
